marie dubosq

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Poste par marie le 24 - oct - 2010

Antoine, le réveil

Je m’étais réveillé une fois de plus avec cette douleur insupportable qui courait le long de mon épine dorsale. Elle remontait depuis l’extrémité de mes pieds et se propageait avec régularité jusqu’à mes épaules, mon cou, jusqu’à la pointe de mes doigts. Dès l’instant où je m’éveillais, on me broyait le corps. L’énervement et la colère n’arrangeaient rien, je ne pouvais pas me retourner, j’étais incapable physiquement de le faire.

Mes yeux maintenant grands ouverts criaient le supplice infligé à ma chair. C’était à chacun de mes os que l’on en voulait. Depuis combien de jours me réveillais-je ainsi, certain qu’en fait ils étaient en train de se désagréger ?

Il ne restait de mobile que mes yeux, et un tout petit peu ma tête, quand la douleur n’avait pas encore atteint les cervicales. Je les ouvrais dès mon réveil, brutal et inattendu, avec une violence qui reflétait l’intuition du calvaire à venir. Je me réveillais avec, comme déclenchés aussitôt, une rage et un sentiment d’impuissance qui me rendaient fou.

La veille je m’étais encore une fois promis de maîtriser cette saloperie de douleur. Puis j’avais sombré dans un coma crépusculaire, à peine une trêve, juste le temps de me jurer de faire face, plus tard.